L'Église catholique
sur la Côte-Nord

Gens de la terre : Florence Trépanier

Le couple, Florence et Raoul, après la traite des vaches en juin 1969. Collection : Florence Trépanier

Lorsqu’elle vient s’installer sur la Côte-Nord en 1959, l’année de son mariage, Florence Trépanier ne peut pas s’imaginer qu’elle trouvera sur sa terre d’adoption tout l’espace nécessaire pour déployer ses talents.

Aînée de sa famille, Florence grandit sur une ferme laitière à Les Écureuils où elle apprend le savoir-faire agricole de ses ancêtres.  N’arrivant plus à combiner les études et les tâches domestiques, elle doit quitter l’école après avoir complété sa sixième année. La jeune fille ne se retrouve pas isolée pour autant : « Notre maison était un lieu de rencontre.  Je me souviens que les voisins venaient profiter de la patinoire que mon parrain nous préparait chaque hiver. »

La famille se lie d’amitié avec une autre dont la mère est originaire des Bergeronnes. « Alors qu’elle préparait les noces de sa fille, ses enfants lui ont dit: “Mon oncle Raoul, ça lui prend une blonde pour les noces! ”  » raconte Florence.  « Ils sont venus me chercher et c’est comme ça que j’ai connu Raoul!  Ça a viré en noces un an et demi plus tard.  J’avais 22 ans et lui près de 32. »

À l’été 1984, Florence et Raoul dans leurs champs au temps des semences. Collection : Florence Trépanier

Florence vient demeurer dans la ferme familiale aux Bergeronnes près de l’Anse à la cave. Dans la grande maison centenaire, le couple vit avec les beaux-parents, un frère de Raoul, sa conjointe et leur fillette, ainsi qu’un autre frère célibataire. Les premières années, ils produisent de la crème qui est transformée en beurre à Saint-Fidèle, puis ils se tournent vers l’élevage de bœufs de boucherie. Ils cultivent les champs et livrent leurs légumes (patate, chou, carotte, navet, oignon, gourgane, laitue) dans les maisons jusqu’à Forestville.

Ce qui est nouveau pour Florence, c’est la pêche au saumon au filet et à la fascine qu’ils pratiquent avec un permis sur la rive du fleuve près de la maison : « Quand il me criait : “Viens chercher un saumon”! Je laissais le travail et je descendais! »  Il y a aussi la trappe d’animaux à fourrure dont les revenus aident à « passer l’hiver ».  Et puis, les hommes font la chasse au loup-marin non loin de la ferme, mais une journée de grand vent, les deux frères de Raoul se noient.  Florence fait promettre à son mari de cesser cette chasse.

Ferme familiale en août 1999. Photo/Collection : Florence Trépanier

En plus de participer aux tâches agricoles, Florence s’occupe de la comptabilité.  Lorsque les deux enfants du couple (un garçon et une fille) entrent à l’école, elle s’implique dans le comité de parents et plus tard comme conseillère municipale (1981-1985); puis est élue maire (1985-1993). Elle s’implique aussi dans d’autres organismes dont l’assemblée de fabrique de la paroisse Notre-Dame-du-Bon-Désir durant 26 ans.

Alors que l’agriculture n’a été pour bien des nord-côtiers qu’un moyen de subsistance, elle demeure pour Florence une véritable passion qui la nourrit encore aujourd’hui.  À 82 ans, elle cultive tous les légumes pour ses bouillis et s’occupe de ses poules : « Quand je suis dans le champ et que je commence à semer, je demande à Dieu d’avoir une bonne récolte et je lui dis merci tous les jours. »

Christine Desbiens, responsable des communications au diocèse de Baie-Comeau

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