Gens des barrages : Véronique Harbec
« Dès que le village temporaire de Micoua a été ouvert, nous avons acheté une maison mobile et nous nous y sommes installés en septembre 1965. C’est là que nous allions éduquer nos enfants, » raconte Véronique Harbec. Originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, la jeune infirmière avait épousé l’année précédente Édouard Hovington de Tadoussac qui était opérateur de machinerie lourde.
Ce village a été ouvert en forêt près du lac Alice pour desservir les familles des travailleurs qui construisaient les barrages Outardes 3, Outardes 4 et Manic 3. Hydro-Québec y avait installé les commodités pour 400 maisons mobiles, ainsi qu’une école primaire, une église, un hôpital, une épicerie, un salon de coiffure, un bar et un centre des loisirs.
« Tout le village formait une grande famille! » se rappelle Véronique. Les gens provenaient de différentes régions de la province. En plus de celles des employés d’Hydro-Québec, des familles de travailleurs de deux autres entreprises dont une d’origine italienne y vivaient : « Comme notre famille élargie n’était pas là pour nous donner un coup de main, on a appris à faire confiance aux gens qui, au départ, étaient de parfaits inconnus, » explique-t-elle.
Véronique a travaillé quatre ans à l’hôpital : « J’ai adoré! On faisait un peu de tout; il fallait être très polyvalent. » Il y avait les services de médecine générale, d’obstétrique et de pédiatrie. « J’étais enceinte lorsque j’ai commencé mon contrat, mais je ne le savais pas! indique-t-elle. J’ai tout de même poursuivi mon travail. » Son emploi l’a amené à se faire proche des autres : « Quand tu aides une mère à accoucher de son enfant, tu entres d’une certaine manière dans son intimité et cela crée une proximité qui demeure par la suite. » Après son premier contrat, elle choisit de demeurer à la maison avec ses filles et d’exercer sa profession de manière sporadique.
Un prêtre résidait à la mission Saint-Henri. Il y avait une messe dominicale, des mariages, des baptêmes, des premières communions, des confirmations: « On ne peut pas vivre sans Dieu. J’ai toujours eu besoin de lui pour recevoir des ressources intérieures. Il m’arrivait de prier lorsque des patients traversaient des moments difficiles. Je lui disais: “Je fais tout mon possible; toi, fais le reste ”, » confie Véronique.
Véronique s’est impliquée au club de motoneige, au comité des citoyens, dans des activités parascolaires avec les enfants comme le tricot et le club de poterie : « Tous les enfants qui ont grandi à Micoua sont comme mes neveux et mes nièces! »
À mesure que des contrats étaient complétés, les familles quittaient Micoua. Celle du couple est restée jusqu’à la fin, en 1976. Durant le dernier mois, l’infirmière était la seule ressource médicale sur place. Une quarantaine de familles, comme celle du couple, se sont installées à Chute-aux-Outardes où un parc de maisons mobiles a été ouvert pour elles. Les hommes allaient travailler à la construction du barrage Outardes 2.
Édouard est décédé en 2007 à la suite d’une longue maladie. N’ayant rien perdu du sens de la communauté, elle poursuit son engagement bénévole à la paroisse et dans la localité de Chute-aux-Outardes.
Christine Desbiens, responsable des communications au diocèse de Baie-Comeau