L'Église catholique
sur la Côte-Nord

Gens des mines : Simon Boudreau (1922-2007)

Simon Boudreau, homme discret et pieux. Collection : Antoine Boudreau

« Ce n’est pas en étant gardien de phare avec notre père que je vais me trouver une blonde! » confie Simon Boudreau à sa sœur Éliane lorsqu’il emménage chez elle à Havre-Saint-Pierre au début des années 50.  Souhaitant demeurer au village, Simon achète dix vaches laitières pour que les gens n’aient plus à boire du lait en poudre; il se fixe un délai de deux ans pour voir si cela fonctionne.  Comme ce n’est pas concluant, il vend ses bêtes. Malgré cet échec, il « se trouve » une compagne, Cécile Landry, qu’il épouse en 1954.

Au Havre, peu de familles vivent de la pêche et les hommes doivent travailler ailleurs sur la Côte-Nord comme bûcherons ou à l’usine de papier de Baie-Comeau.  Simon travaille dans l’industrie forestière avant de décrocher un emploi comme assistant-opérateur de pelle pour les travaux d’aménagement du gisement de fer du Lac Jeannine de la compagnie Iron Ore (près duquel sera construite la ville de Gagnon).

Vers 1960, à la mine d'ilménite de Quebec Iron and Titanium (QIT), on voit les installations des broyeurs et tamis qui servent à produire des gravats de minerai d’ilménite qui seront par la suite transformés en lingots de fer et scories de titane dans les hauts fourneaux de Sorel. Carte postale/Collection: Guy Côté

Au printemps 1959, il entre à l’emploi de la compagnie Quebec  Iron and Titanium (aujourd’hui Rio Tinto Fer et Titane) qui exploite un gisement d’ilménite au lac Tio à une quarantaine de kilomètres de Havre-Saint-Pierre. Il sera « huileur », puis opérateur de pelle jusqu’à sa retraite en 1984.

Au village, à la gare de la compagnie, il prend le train qui l’amène à la mine.  Le trajet dure environ une heure.  Sur la route du retour, il s’installe avec d’autres travailleurs dans un wagon un peu à l’écart et récite le chapelet.  Cette initiative impressionne et attire le respect.

Cérémonie soulignant le retraite de Simon Boudreau en 1984 après 25 ans de service à la Quebec Iron and Titanium (QIT), aujourd’hui Rio Tinto Fer et Titane. Au centre, John Smith, haut placé de la compagnie du siège social de Sorel, à gauche Simon et à droite son épouse Cécile Landry. Collection: Antoine Boudreau

Après cinq ans de mariage, le couple adopte une fille, puis a deux fils biologiques. Leur deuxième enfant, Richard, est atteint du cancer de la moelle épinière.  Même si son emploi à la mine est saisonnier, Simon n’hésite pas à prendre deux mois d’arrêt pour s’occuper de son petit Richard et faire les allers-retours entre  l’hôpital de Havre-Saint-Pierre et celui de Sept-Iles.  Sa sœur Éliane souligne que « sa foi lui a donné le courage de soutenir avec douceur son enfant qui a beaucoup souffert durant deux ans avant de décéder de sa maladie. »  Simon a laissé le souvenir d’un homme discret, pieux et généreux.

 Christine Desbiens, responsable des communications au diocèse de Baie-Comeau

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