Gens des usines : Paul Lévesque
En 1950, alors âgé de 18 ans, Paul Lévesque quitte la ferme familiale de Baie-des-Sables, près de Matane, pour tenter sa chance à la ville industrielle de Baie-Comeau. Durant l’été, il fait l’entretien des pelouses des maisons privées que possède la compagnie Quebec North Shore (aujourd’hui Produits forestiers Résolu) : « C’était une tondeuse de métal à roues de fer, ça prenait des bons bras! » se rappelle Paul. Il entre ensuite à l’usine de pâtes et papiers comme journalier, entre autres pour le chargement des bateaux. Il obtient sa permanence environ un an plus tard : « Le salaire était le meilleur en ville! » s’exclame-t-il. Il travaillera plus tard au département des machines à papier jusqu’à sa retraite en 1990.
Durant des vacances à Québec, une de ses sœurs lui présente son amie Rachel Desrochers qui enseigne avec elle à Notre-Dame-des-Laurentides au nord de Charlesbourg. Après deux ans de correspondance et de visites, les amoureux se marient en juillet 1962. Ils vivent d’abord comme locataires à Baie-Comeau, puis se font construire une maison où ils verront grandir leurs trois fils.
La famille fréquente la paroisse Saint-Nom-de-Marie et, en 1975, Rachel y vit une forte expérience spirituelle dans un groupe de prière du Renouveau charismatique. C’est en participant à une fin de semaine pour couples du Renouement conjugal qu’un changement intérieur survient chez Paul : « Ma foi traditionnelle est devenue une foi personnelle, » confie-t-il. À la paroisse, on demande à Paul et Rachel d’accompagner des couples qui se préparent au mariage et des couples mariés qui souhaitent améliorer leur relation; ils acceptent malgré leur timidité. Ils poursuivent ensuite leur recherche spirituelle avec la Famille Myriam Beth’léem, une association publique de fidèles fondée à Baie-Comeau, où ils s’impliquent auprès de jeunes familles.
Le cheminement religieux de Paul a aussi un impact dans son milieu de travail : « J’ai été particulièrement touché par un enseignement dans lequel on nous expliquait l’importance de bénir les gens autour de nous, de leur vouloir du bien. En route vers l’usine, je demandais intérieurement à Dieu de bénir les autres employés avec qui j’allais passer mon quart de travail. Cela a changé ma façon d’entrer en relation avec eux. Par exemple, si un employé faisait une gaffe un jour ou j’étais contremaître de relève, je l’avertissais sans lui chanter des bêtises et j’utilisais l’humour pour désamorcer des situations délicates, » raconte-il.
Christine Desbiens, responsable des communications au diocèse de Baie-Comeau